Travailler comme médecin en Espagne
Ces derniers temps, j'ai reçu plusieurs demandes d'information de médecins français souhaitant s'installer en Espagne. J'ai donc fait appel à Cécile qui travaille actuellement en tant que médecin privé à Madrid qui m'a ensuite mise en contact avec Marie qui travaille à la fois dans le public et dans le privé, aussi à Madrid. Elles m'ont décrites les démarches nécessaires, que je vais retranscrire ci-dessous, mais avant je souhaite les remercier toutes les 2 d'avoir pris le temps de me répondre.
Al grano :
Première étape : homologation des diplômes
1) traduction certifiée des diplômes de médecine
2) certificat de non-interdiction d'exercer de la part de l'ordre des médecins francais, traduit certifié.
3) Reconnaissance de l'équivalence des diplomes universitaire par le Ministerio de Sanidad.
4) Ensuite, patience!!! (entre 3 à 6 mois).
Pour trouver un traducteur assermenté, il vous faut consulter la page web de votre consulat :
Madrid, Alicante, Burgos, Leon, Murcie, Valence, Valladolid
Deuxième étape : s'inscrire auprès de l'ordre des médecins (Ilustre Colegio de Médicos)
Ils sont organisés par province. Pour trouver celui qui vous correspond, consultez le site internet du Consejo General de Colegios Oficiales de Médicos de España.
Troisième étape (pour travailler dans le public) : s'inscrire aux Bolsas de Trabajo
Recruter en Espagne [Emploi]
Quand la décision est prise de se développer au niveau international, il est toujours délicat de trouver les bonnes ressources sur place et ce, à distance. En Espagne, il existe différentes pistes selon le type de profil recherché.
En France, vous pouvez commencer par publier votre offre d'emploi sur le site de l'Apec et aussi sur les jobsites habituels dans leur section internationale. Il existe aussi l'option V.I.E. (Volontariat International en Entreprise). Pour en savoir plus, consultez le site de Business France.
Pour les profils bilingues français-espagnol déjà sur place, le plus simple est encore de passer par les Chambres de Commerce et de l'Industrie franco-espagnoles. En Espagne, il en existe 2, la principale qui est celle de Madrid et celle de Barcelone. Les 2 disposent d'un portail emploi :
La Chambre - Portail Emploi - Service Entreprises
Cámara Francesa - Sélection de personnel - Entreprises
Pour toucher plus directement la communauté française qui vit en Espagne, vous pouvez aussi faire appel aux associations françaises dont certaines ont un service emploi comme l'UFE en Catalogne. (sur facebook aussi). Une piste aussi intéressante est le réseau des associations d'anciens élèves de grandes écoles et d'écoles de commerce présentes en Espagne, ainsi que celles des établissements français (Lycée Français de Madrid, de Barcelone, etc). Pour les premières, rapprochez vous de l'Ambassade et des Chambres de commerce mentionnées plus haut qui vous communiquerons les contacts.
Les réseaux sociaux aussi fonctionnent bien, par exemple LePetitJournal.com Espagne est très actif sur facebook et twitter et fait circuler rapidement les offres d'emploi que relaient ensuite ses lecteurs. Plus localisés, vous avez le magazine et radio Equinox sur la région de Barcelone et le blog Français à Madrid. Il existe aussi des associations d'entrepreneurs français, comme les Franc-Risqueurs à Madrid.
Et puis, il y a bien évidemment les groupes sur Linkedin : Français en Espagne, Français et francophones de Madrid, Français à Madrid, Groupe professionnel des Français et francophones de Barcelone (liste non-exhaustive).
Et les communautés sur Facebook : Le Cercle des Français à Madrid, les Gaulois d'Espagne, Français et francophones à Madrid, de Barcelone, etc. LePetitJournal.com a d'ailleurs consacré un article sur le sujet en listant la plupart d'entre eux : Facebook - les pages fan et les groupes des français d'Espagne.
ExpatEspagne met à votre disposition son réseau avec le twitter EmploiExpatEspagne et sa communauté de parents français Mômadrid (où les offres d'emploi sont toujours très bien reçues).
Si vous souhaitez déléguer votre recherche à des professionnels, les grands cabinets de recrutement existent comme partout ailleurs : Michael Page, Hays, Robert Walters, etc. Plus orientés profils bilingues, vous avez Polyglot Group et Talent Search People par exemple.
Quant aux jobsites locaux, le plus connu en Espagne est Infojobs.net.
Si vous souhaitez ajouter votre association ou média, n'hésitez pas à nous contacter ("Contactez l'auteur" en haut du menu de gauche, juste au-dessus de Newsletter).
Les associations françaises en Espagne
L'Ambassade de France et ses consulats ont répertorié les associations présentes en Espagne :
Pour la zone nord-est : Catalogne, les Baléares et Aragon, ça se passe ici : http://www.consulfrance-barcelone.org/Associations
Pour la zone centre, de l'est et Canaries : http://www.ambafrance-es.org/Associations
- Associations à Madrid
- Associations à Alicante
- Associations à Las Palmas
- Associations à Murcie
- Associations à Salamanque
- Associations à Soria
- Associations à Tenerife
- Associations à Valence
- Associations à Valladolid
Pour l'Andalousie : http://www.ambafrance-es.org/Associations-8224
Le Consulat de Bilbao mentionne de manière plus générale 2 grandes associations de français à l'étranger :
Association démocratique des français à l’étranger (ADFE)
Union des français de l’étranger (UFE)
Pour des activités culturelles françaises, je vous conseille aussi le réseau des Instituts français (Barcelone, Bilbao, Madrid, Séville, Valencia et Saragosse) et des Alliances françaises.
Si vous avez des enfants, la vie autour des établissements français est aussi une bonne manière de rencontrer d'autres francophones.
Et n'hésitez pas à consulter les liens à droite où vous trouverez d'autres sources : journaux, forum, etc.
Offres d'emploi en Espagne sur Twitter aussi
Vue la situation actuelle, ExpatEspagne a décidé de créer un compte Twitter spécifique pour diffuser les offres d'emploi, ainsi que des stages, pour francophones ("con francés", "nativo francés", etc), en Espagne : EmploiExpatEspagne
L'idée est d'essayer de centraliser les offres sur un canal, pour s'entraider, alors si vous tombez sur une offre qui ne vous intéresse pas, n'hésitez pas à nous la faire suivre afin que d'autres en profitent.
TOP 10 des incontournables de Tenerife
L'Espagne, c'est aussi les Canaries ... et Tenerife, l'île du Printemps éternel, baignée de soleil tout au long de l'année propose une myriade d'attraits ... tellement qu'en une semaine il est impossible d'en faire totalement le tour, il faut choisir !
Alors pour ceux qui ne veulent pas rester au bord de la piscine du resort all inclusive, voici un petit top 10 des incontournables de Tenerife !
1. Monter sur le toit de l'Espagne, c'est-à-dire au sommet du volcan Teide qui culmine l'île de ses 3.718 mètres. Pour y parvenir de jolies routes tortueuses vous feront traverser les forêts de pins canariens, et apprécier cette étrange sensation de vivre entre mer et montagne.
2. Arpenter les rues de La Orotava ou San Cristobal de La Laguna, villes historiques et reconnues pour la richesse de leur architecture, se perdre dans les cours intérieures des villas, flâner sous les balcons fleuris.
3. Croiser au large des côtes entre Tenerife et la Gomera à la rencontre des baleines pilotes et dauphins qui ont élu domicile dans les eaux canariennes....
ou bien plonger à la recherche du requin ange (celui-là même qui a donné son nom à la célèbre baie des anges...à noter qu'il a depuis disparu des fonds niçois) : les fonds sous-marins recèlent des trésors.
4. Défiler dans le Carnaval de Tenerife ou bien lors d'une des nombreuses romerias et fêtes traditionnelles qui émaillent le calendrier des évènements de l'île.De la fête des tapis de la Orotava, aux défilés de Pâques en passant par le pèlerinage de notre dame de Candelaria, les occasions de découvrir les traditions canariennes ne manquent pas.
5. Déguster des papas arrugadas avec mojos, le tout arrosé d'une Dorada face à la mer, ce sont de petites pommes de terre avec des sauces épicées accomp
agnées d'une bière locale.... ou bien se régaler d'un poisson tout juste pêché dans un des nombreux petits villages portuaires arrosé d'un vin canarien, à Ténérife les papilles frétillent.
6. Dévaler le toboggan aquatique le plus grand du monde dans le parc d'attractions SIAM PARK ou se baigner dans les piscines naturelles formées dans les creux de lave à Garachico, les occasions de se rafraîchir de manquent pas.
7. Percer le mystère des pyramides de Guïmar... chainon manquant entre celles d'Egypte et d'Amérique du sud ? C'est en tout cas la thèse soutenue par Thor Heyerdahl.
8. Etre tout petit au pied des falaises de Los Gigantes qui plongent directement dans l'Océan Atlantique depuis leur 600 mètres de haut. A noter la jolie randonnée dans les gorges de Masca qui finit dans une petite crique au pied des falaises... un bateau taxi vous ramène alors à la civilisation
9. Se sentir Petit Poucet dans la forêt de Laurisilva baignée dans les nuage
s, une des plus vieilles forêts du monde digne de Brocéliande ...c'est à la pointe sud est, dans les montagnes d'Anaga que cela se passe !
10 - Se relaxer, ne rien faire, prendre le temps de vivre... c'est aussi possible sur les nombreuses plages qui émaillent les côtes de l'île : plage privée ou crique sauvage, chacun y trouve son compte.
Alors ... hasta pronto, les esperamos en Web Tenerife !
Carole Matinaud
Expatespagne aussi sur Twitter
Plus facile, plus rapide, toujours avec des bons plans et aussi des offres d'emploi glanées ici et là, ExpatEspagne est enfin arrivé sur le site de micro-blogging qu'est Twitter :
https://twitter.com/ExpatEspagne
À moi Barcelone!
Avec la fin de l’année scolaire, commence la ronde des « expats » : ceux qui rentrent en France, ceux qui partent ailleurs et ceux qui arrivent. Puis dans mon cercle d’amis, une nouveauté cette année : ceux qui partent … tout en restant en Espagne. À Barcelone pour être précise (je ne citerai pas de nom, mais elle se reconnaîtra).
Et ma foi, je suis ravie, car pour le coup, j’ai enfin une très bonne excuse pour retourner visiter la ville espagnole qui, à mon avis, est la plus séduisante pour les français. Que ce soit au niveau du tourisme ou pour s’y installer (avec la France, la mer, la campagne et la montagne à portée de main, on les comprend).
Crédits photo: http://www.barcelonaturisme.com
Donc à moi bientôt le tourisme pour enfin découvrir et redécouvrir Barcelone. J’y suis passée plusieurs fois, mais toujours en coup de vent et j’aimerais vraiment pouvoir y prendre mon temps, flâner. Une bonne occasion aussi pour y aller en famille et pour le coup, l’hôtel à 4 pendant une semaine est un peu hors budget. Je pense que l’idéal pour nous serait la location d’un appartement, qui offre confort et espace. Je suis en train de regarder les options sur Localnomad, web d’appartements de vacances à Barcelone.
Crédits photo: http://www.localnomad.com/en/loft-arenas-barcelona.html
Au programme, un peu d’architecture : je prévois de retourner à la Sagrada Familia, voir l’avancée des travaux, me balader à nouveau au Parc Güell, et visiter enfin la Casa Batlló,ainsi qu’admirer les autres œuvres de Gaudí (Casa Vinces, Palacio Güell, etc). Un tour sur le port et son quartier des Jeux Olympiques de 1992. Et puis, flâner dans le Barri Gòtic, la vieille ville. Et passage obligé par les fameuses Ramblas.
Je veux jouer aux touristes et prendre le téléphérique pour monter à Montjuic et visiter ce curieux concept de Poble Espanyol. Succès assuré auprès des enfants qui ne manqueront pas non plus de vouloir aller à CosmoCaixa et voir son incroyable forêt inondée, et à l’Aquarium.
Crédits photo: http://obrasocial.lacaixa.es/nuestroscentros/cosmocaixabarcelona/cosmocaixabarcelona_es.html
À ce sujet, pour savoir quoi faire à Barcelone avec des enfants, je vous conseille le site espagnol Mammaproof, qui comme son nom l’indique liste les adresses « kid-friendly » de la ville : pour manger, espaces culturels, parcs, etc.
Moi, personnellement, j’irais bien au printemps pour pouvoir aller au festival Primavera Sound et découvrir sa sélection pointue de groupes indie, saupoudrée de groupes plus connus. À défaut, un peu de shopping suffira pour me rendre heureuse, notamment à Vinçon, qui fut un concept-store avant l’heure et qui malheureusement n’existe plus à Madrid.
N’oublions la gastronomie catalane. Son temple est le marché couvert La Boquería. Il existe sinon une multitude de petits restaurants où savourer une bonne « fideuá » (une sorte de paëlla avec des vermicelles à la place du riz), « pan tumaca » (je suis fan, même pour le petit déj !), le « suquet de peix » qui est la bouillabaisse locale, et peut-être les fameux « calçots » (plat qui sur le papier ne m’attire pas plus que ça mais il faudra bien goûter !) … tout ça me donne faim !
Il ne nous reste plus qu’à fixer une date. Et vu tout ce que je veux faire, je pense que plusieurs séjours s’imposent !
En résumé :
Liens utiles
Office de tourisme : http://www.barcelonaturisme.com/
Mammaproof : http://www.mammaproof.org/es/lugares-para-ninos-en-barcelona/
Logement : http://www.localnomad.com/fr/appartements-barcelone.html
Je vis en Espagne - Madrid (4)
Découvrons qu'est-ce qui a poussé Jean-Damien Hobé, breton d'origine, à s'installer à Madrid et co-fonder sa propre agence de création de sites internet.
Pourquoi ce petit coin d’Espagne ?
Madrid c’est avant tout un coup de cœur.
D’abord pour sa population : mixant tradition familiale et modernisme, elle est toujours positive et énergique, même quand il s’agit de traverser des réformes et une crise économique sans précédent.
Pour sa situation géographique ensuite : parfaitement connectée au monde entier par ses infrastructures (aéroports, autoroutes, etc.) Madrid est au centre géographique de l’Espagne et se trouve à courte distance de provinces toute plus singulière les unes que les autres.
Pour sa qualité de vie enfin : prix modérés, climat ensoleillé avec de vrais étés, horaires larges des activités quotidiennes, sécurité, facilité des déplacements... Il est difficile de passer une mauvaise journée à Madrid ! D’ailleurs les amis qui me visitent du monde entier le confirment : il y a un réel art de vivre Madrilène, bien au-delà de la simple image tapas, sangria y copas !
Depuis combien de temps et pour combien de temps ?
Depuis 2013 seulement, et pour toujours ! Quand on adore une ville, pourquoi aurait-on en tête de partir ? Mais comme je suis entrepreneur dans le Web, j’ai déjà des idées pour ouvrir une agence du côté de Valencia... peut-être envisagerai-je alors une vue sur mer ?!
L’Espagne, c’est chouette pour ...
Vivre au quotidien ! La population est toujours prête à vous aider, à vous intégrer. C’est rare et cela mérite d’être souligné. Il existe une vraie cohésion entre les habitants, et ce entre toutes les générations. Outre ces traditions, l’Espagne c’est aussi une culture forte et touchante, il n’y a qu’à participer à l’une des nombreuses fêtes populaires pour l’apprécier. Ma préférée à Madrid ? Las fiestas de la Paloma, vers le 15 août. Madrid est alors l’une des rares capitales par 40 degrés, loin de la mer, à avoir une ambiance incroyablement vivante !
Qu’est-ce qui me manque du pays ?
Je suis de Bretagne et j’ai vécu 15 ans à Paris. Ce qui me manque ? La même chose que tous les expatriés : tous les amis que j’ai laissés en France, et qui rêvent d’ailleurs de venir me rejoindre. Aussi de temps à autre, je cherche des produits et des services que je ne trouve pas ici. Par exemple les compotes de fruits ou le vrai fromage blanc ! Mais au final on trouve des ingrédients bien sympathiques et on oublie vite ces petits manques du pays !
Côté services, c’est très différent. Les Madrilènes ne savent pas réellement s’engager sur des délais à plusieurs jours, ce qui par exemple dans un projet web est très pénalisant. Du coup j’ai créé une société ici de création de sites internet, qui apporte un niveau d’engagement rarement vu, au même tarif que localement. Et cela fait une grande différence...
Si vous cherchez une équipe créative et dynamique pour réaliser votre site Internet, et le positionner sur la 1re page des résultats de Google, allez voir l’agence Web cofondée par Jean-Damien : TodoBravo Diseño Web España (http://www.todobravo.es) et TodoBravo Web Design France (http://www.todobravo.fr). Aussi sur : LinkedIn et Facebook
Retour en France - pas si facile que ça
Nous arrivons en cette période où certains doivent quitter leur pays d'adoption pour partir ailleurs ... ou rentrer en France. Oui, c'est la fin de l'année scolaire, le début des grandes vacances et la ronde commence.
Si vous devez ou avez décidé de rentrer en France, ou même si vous restez, ce billet d'Anne-Laure publié par la rubrique Expat & Empoi (aussi sur Facebook) de la revue en ligne LePetitJournal.com, vous intéressera.
BILLET - Le Choc Culturel Inversé: le Tabou des Expatriés Français
Anne-Laure Fréant revient d'un séjour de cinq au Canada et d'un an en Nouvelle-Zélande. De retour en France, elle s'interroge: Oui, l’envie de quitter la France reste la première source de motivation des expatriés, surtout jeunes, mais malgré des situations professionnelles plutôt bonnes, les jeunes reviennent en France où les conditions économiques ne leur sont pas toujours favorables. Pourquoi ne jamais valoriser ce point quand on parle de l’émigration des jeunes et de la fuite des cerveaux français? Plusieurs tabous entourent la question de l’expatriation, et ils pèsent vraiment très lourds pour ceux qui ont déjà quitté la France et se demandent s’ils vont revenir. Pourquoi tant de non-dit autour de l’expatriation?
Quelques raisons simples:
- Disons le, l’émigration est la bête noire des gouvernements. Même si l’expatriation n’est techniquement pas tout à fait la même chose (on part pour les besoins du travail), il s’agit bien d’un flux de population qui quitte délibérément le pays pour acquérir une double, voire une triple allégeance (double nationalité). Ce sont des impôts en moins. Les gouvernements ne sont jamais enclins à trop aborder le sujet, surtout quand on fait valoir que le premier motif de départ est la fuite de la mentalité nationale, notamment en matière d’entreprise individuelle (le nombre d’expatriés français devenus entrepreneurs a doublé en dix ans).
- En France, être un expatrié est mal vu. Partir, c’est un peu abandonner le navire. La République martèle le sempiternel “égalité, liberté, fraternité”, mais ne s’émeut pas des citoyens qui la quittent faute d’y trouver une place, une écoute, une légitimité. Il ne faut pas s’attendre à être accueilli en héros quand on revient, au contraire. Aucune structure n’existe vraiment en dehors des grandes écoles qui ont un réseau bien construit pour envoyer leurs étudiants à l’étranger pendant le cursus. Vous êtes partis par vous-même, vous reviendrez par vous-même. Autant dire que sans de solides économies, une promesse d’embauche en France et le soutien de la famille au retour, c’est une mauvaise idée de rentrer. C’est d’ailleurs pour cette raison que de moins en moins le font.
- L’expérience professionnelle à l’étranger n’est pas reconnue par la plupart des employeurs français. Vous êtiez chef d’équipe dans une ONG internationale? Chef de projet avec de grosses responsabilités? Vous avez travaillé en anglais, en mandarin, en japonais pendant dix ans? Malheureusement, ça ne pèsera pas très lourd dans la balance. Certains secteurs comme l’ingénierie, la médecine ou le journalisme valorisent davantage les expériences qu’un futur employé a pu faire à l’étranger, mais dans la plupart des secteurs les employeurs ne vous feront pas confiance. Lepetitjournal.com résume bien la difficulté de retomber dans un cadre étriqué où votre expérience exaltante sera réduite, voire totalement reniée:
“Les expatriés sont en effet souvent déçus par le peu d’intérêt accordé à leur expérience acquise à l’étranger. “La difficulté au retour en France, c’est de s’entourer de salariés qui n’ont jamais bougé de leur m² professionnel, explique Myriana, et ce manque d’ouverture à l’autre peut, il est vrai, être un frein à de nouvelles idées, nouvelles suggestions, ou certaines réflexions quant à un éventuel changement de management interne ou de méthode d’organisation RH interne.” Les expatriés voient la richesse de leur expérience peu reconnue et les connaissances acquises sur le terrain absolument pas exploitées, d’où de nombreuses frustrations [...]. La concurrence avec ceux qui sont restés en France est vive. Selon les disponibilités, les anciens expatriés se retrouvent parfois avec des postes moins intéressants qu’auparavant”
Pour certains, partis avec un désir de découverte, de progrès et d’ouverture au monde, le retour en France est aussi très dur psychologiquement. Le choc culturel inversé est un phénomène réel qui touche à différents degrés tous ceux qui ont fait l’expérience de l’expatriation, même courte. Quand on s’intègre dans un nouveau pays, quand on apprend une nouvelle langue, de nouvelles pratiques culturelles, on se bouscule soi-même dans ses convictions. Souvent difficile, la réussite d’une intégration à l’étranger est aussi une grande source de fierté, un accomplissement personnel très valorisant dont on se sent pleinement acteur. Ainsi, revenir au pays peut parfois constituer une plus grande épreuve que de le quitter. C’est la fin d’une aventure, d’une période de découverte permanente, le retour à des conventions inébranlables que rien ne saurait bousculer, encore moins les récits de ceux qui reviennent. On se sent redevenir impuissant, parfois “noyé dans la masse”, et surtout on réalise que les choses n’ont pas changé en notre absence. En revanche, le regard porté sur le pays, lui, a changé. Difficile désormais de jouer le jeu de la normalité sans broncher et de ne laisser filtrer de son pays que le positif quand on a de quoi le comparer.
L’une des plus grandes difficulté de l’expatrié qui revient est l’isolement. Déjà déconcerté par le retour dans un environnement différent de son quotidien depuis plusieurs années, l’expatrié doit affronter le fait qu’il s’agit de son propre pays (réaliser qu’on ne se sent pas “chez soi” dans son propre pays peut être un traumatisme difficile à surmonter, surtout quand on a idéalisé ce retour au pays depuis plusieurs années). Pour cela, l’expatrié qui revient doit gérer sa perte de repères, la masquer devant ceux qui sont restés au pays tout ce temps et qui auront de la difficulté à saisir le sentiment de déracinement, voire carrément de choc culturel. En plus de la fatigue “sociale” qui peut être engendrée, du stress lié à la tonne de formalités qu’il faut effectuer (personne ne fera d’effort pour comprendre vos fiches de paye en anglais ou vos déclarations d’impôt québécoises) il faut gérer le stress lié à la difficulté de se réinsérer professionnellement et lutter contre l’envie irrépressible de repartir sur le champ retrouver sa “vraie vie” que l’on sait ailleurs.
Bien sûr les choses ne sont pas toujours traumatiques et beaucoup d’expatriés sont heureux de retrouver un confort culturel, des habitudes de vie et leurs proches. Vivre à l’étranger est aussi difficile, on a aussi là bas des périodes de solitude et d’isolement pendant lesquelles on se dit que vivre “chez soi” serait plus aisé.
L’expatriation reste une expérience vraiment positive pour plus de 85% des expatriés. Beaucoup en feront un mode de vie, alternant retours “vacances” en France et départ pour de nouvelles aventures professionnelles à l’étranger. Le choc culturel est un phénomène addictif: quand on a réussi à en surmonter un, il est courant de vouloir aller plus loin chercher de nouveaux dépaysements, de nouveaux défis personnels et humains. En revanche, le choc culturel inversé lui, n’est pas agréable. Il est éprouvant, effrayant, fatiguant moralement et intellectuellement.
La plupart des expatriés qui sont revenus parlent de délais d’un à deux ans pour retrouver leurs marques et réfléchir à leur reconversion qui sera bien souvent nécessaire. Faire le choix de “rentrer chez soi” tout en sachant que le monde est vaste et qu’il a beaucoup à offrir est un acte mature, courageux mais aussi frustrant et difficile. La solution passe par beaucoup de patience, un maximum d’activités positives et agréables (qui n’a pas manqué de bon pain ou de bonnes rillettes à l’étranger?) et surtout, la volonté de ne jamais dévaloriser ce qu’on a vécu. Une expérience non reconnue par les autres n’en reste pas moins une victoire personnelle et un accomplissement de taille.
Anne-Laure Fréant (www.lepetitjournal.com) mercredi 28 mai 2014
Anne-Laure est bloggeuse. Elle a créé et gère le site geo-pickmeup.com entièrement en anglais : c'est une plateforme B2B de partage d’articles, de videos et de documents graphiques consacrés à la promotion de la géographie et du spatial thinking. Le site est partenaire du réseau EUROGEO (European Association of Geographers).